Interview pour ACTUFOOT
L’entreprise est niçoise, le concept est innovant. Olivier et Paul ont décidé depuis le 1er juin de se lancer dans l’aventure de Phénix Sport en équipant les clubs de football d’équipements (maillots, shorts, chaussettes) 100% écoresponsable. Rencontre.
L’un à 39 ans, l’autre de 10 ans son cadet. Olivier est un nissart pur souche alors que Paul est un niçois d’adoption. Tous les deux sont des passionnés de sport qui connaissent leur métier sur le bout des doigts. Dès les premiers mots, on comprend que ce projet n’est pas une folie d’un jour, mais bien le fruit d’un travail solide construit en bonne intelligence. Dans un temps où l’état de la planète commence à faire gamberger bien des esprits, Phénix Sport vient apporter une touche de sérénité. Oui, le sport de demain sera écoresponsable !
Messieurs, le phénix renaît de ses cendres…
C’est exactement ça l’idée, le maillot ne meurt pas !
Quel est le concept ?
Nous fabriquons des maillots en polyester recyclé. Celui-ci vient de bouteilles récupérées dans les océans, les mers que l’on fait fondre. Une fois fondu, il devient du fil, puis du tissu. De ce tissu, on fait des maillots de foot qui seront vendus aux clubs. Ils jouent avec 2 ou 3 saisons avant que nous récupérions l’ensemble des équipements pour les envoyer à notre partenaire en Espagne qui les recycle pour en refaire des maillots. L’idée, c’est qu’on soi en boucle fermée et si possible en France. Notre objectif à terme, c’est d’arriver à localiser l’industrie sur notre territoire, dans les Alpes-Martimes. Que ce soit la production ou le recyclage. 100% local, 100% Français.
Pourquoi faire le choix d’une industrie 100% Française ?
Parce qu’on pense Phénix comme un projet plus global, pas seulement comme une marque de football. L’objectif en rapatriant tout ici, c’est aussi d’accompagner d’autres marques qui souhaitent se lancer dans un projet similaire et qui n’ont pas le temps, pas la structure, qui ont un modèle linéaire et non pas circulaire. C’est un projet à 3 ans, c’est ambitieux certes, mais c’est aussi une façon de faire. Si on veut vraiment changer les choses, il faut aider les autres à le faire. C’est un peu comme ça qu’on le voit. On se revendique comme une marque locale, même si on a une vision nationale et même plus. On veut créer de l’emploi chez nous., si on peut avoir des clients locaux et avoir une fibre de proximité c’est important.
« On propose la reprise et le recyclage des maillots dés à présent »
Aujourd’hui, si un club fait le choix de débuter l’aventure avec vous, reprenez-vous ses anciens maillots d’une marque forcément différente de la vôtre ?
Bien sûr, cela fait partie de ce qu’on propose. L’idée c’est qu’on puisse recycler. On préfère reprendre les maillots, les recycler et qu’on s’en serve pour quelque chose de positif, plutôt que de les laisser dans un placard ou les jeter. On propose la reprise et le recyclage des maillots dés à présent et pour motiver les clubs à le faire, on leur propose -15% sur leur commande.
Est-ce que vous allez distribuer d’autres marques ?
Pour l’instant, nous souhaitons travailler sur notre marque. On veut être perçu comme une marque de sport dynamique, compétitive. Notre maillot recyclé, c’est la même chose qu’un maillot en polyester. On est une marque de sport avant tout.
Comment accompagnez-vous les clubs sur la construction du maillot ?
Nous avons des maillots de base qu’on peut proposer au club mais on peut aussi construire un maillot sur mesure avec notre designer. Il faut savoir d’ailleurs que nous travaillons en sublimation et non pas sous forme de flocage.
Pouvez-vous expliquer ce qu’est la sublimation ?
Les designs et couleurs que le club souhaite sont mis à très hautes températures dans la fibre. Le flocage, c’est prendre un produit existant et rajouter du vinyle. Ce n’est pas pour nous puisque ce n’est pas recyclable. Numéro, nom, sponsor, logo on gère tout pour le club et c’est gratuit. Tout comme le changement de couleur.
L’inquiétude pour un club souvent se situe au niveau de l’approvisionnement et du réassort…
Clairement, nous sommes aujourd’hui capables de gérer cela pour les 150 clubs que nous visons. Notre partenaire au Portugal travaille déjà avec de grosses marques comme PUMA ou encore Intersport. La production textile, c’est notre métier. En terme de volume, le sport est un petit acteur du textile. On sait alimenter, livrer dans les temps et s’occuper du réassort. Pour un club, entre la commande et la livraison d’un réassort par exemple, c’est trois semaines. On peut faire aussi du réassort à la pièce grâce à la sublimation.
Quand on parle écoresponsable, on s’imagine quelque chose d’assez onéreux…
De notre côté, nous avons tiré les coûts vers le bas partout afin d’être accessible à tous. On ne veut surtout pas faire de l’écoresponsable cher. Le club ou le gamin ne doit pas avoir à faire un choix entre l’environnement et le prix du maillot. On veut être dans le prix du marché. On est abordable. Plus tu as des maillots, moins c’est cher, le prix devient dégressif. On marge très peu, notre objectif c’est de parier sur du long terme.
Donc Phénix sport n’est pas une marque réservée à l’élite ?
Non, nous ne sommes pas une marque d’élite. Nous avons de tout. On a reçu des commandes pour 600 licenciés, comme pour 30. On a des équipes de Foot à 5, d’E-sport.