Connaissez-vous Phénix Sport ? Cette marque Niçoise, lancée pendant le confinement, fabrique des maillots innovants à partir de déchets plastiques recyclés. Séduits par leur projet, les Havrais du Art’Sport Squash vont devenir le premier club de sport de raquette en France à en être équipés. Récit d’une histoire dans l’ère du temps.
Tout part d’une rencontre, comme bien souvent : celle entre Christophe Billion, président de l’association Art Sport Evenement, et Paul-Emmanuel Guinard, co-fondateur de la société Phénix Sport. Les deux hommes ont eu envie de créer une histoire ensemble, et on vous la raconte …
PHÉNIX SPORT, L’EQUIPEMENTIER ÉCO-RESPONSABLE
« L’idée derrière Phénix Sport, c’est de proposer un équipementier différent, » raconte Paul-Emmanuel Guinard. La marque est le fruit de la rencontre entre ce Normand de 29 ans, désormais installé à Nice, et Olivier Guigonis. Deux hommes aux profils différents, mais dont les carrières respectives ont un dénominateur commun, le sport. « Au cours de mes expériences en tant que chef de produits au sein de grandes marques, j’ai pu me rendre compte qu’il y avait beaucoup mieux à faire en matière d’écologie. Avec Olivier, ça faisait deux ans qu’on avait des discussions à ce sujet, et le confinement s’est avéré être le bon moment pour se lancer. »
Le principe de Phénix Sport est le suivant : fabriquer du textile sportif (maillots et shorts, mais aussi survêtements et même parkas) à partir de déchets plastiques récupérés en France, aussi bien dans les poubelles que dans la mer. Ils sont ensuite transformés en fil de polyester en Espagne, puis tissés au Portugal, « un pays où l’industrie textile est très importante, » ajoute Paul-Emmanuel, expliquant que délocaliser une partie de la chaîne était indispensable pour proposer des produits de qualité aux tarifs du marché. « Le projet se veut européen, éco-responsable mais aussi circulaire. » Car Phénix Sport a pensé à tout : l’entreprise récupèrera (gratuitement) les maillots obsolètes afin de les transformer en des pièces utilisables dans le sport, par exemple des cônes (« Avec un maillot de 150 grammes, on peut en fabriquer dix. ») et offre à chaque commande un dispositif qui empêche les fuites de microparticules de plastique dans la machine à laver.
« L’idée de Phénix Sport est de proposer un équipementier différent. »
Alors que leur cible initiale était les clubs de foot amateurs, les deux associés vont connaître un succès qui dépasse leurs espérances. « Ça va presque trop vite, » sourit Paul-Emmanuel. « Nous avons bénéficié de nombreux articles dans la presse, et du coup ce sont les clubs qui nous ont démarché plutôt que l’inverse. Heureusement qu’Olivier était investi à 100 % sur le projet dès le début. C’est également mon cas depuis peu, car j’ai quitté mon emploi précédent. » Aujourd’hui, d’autres sports font appel à Phénix Sport : volleyball, basketball et squash bien sûr, avec l’association Art Sport Evenement. Pour autant, Olivier Guigonis et Paul-Emmanuel Guinard gardent les pieds sur terre. « On ne veut pas perdre le fil, » indique ce dernier, dans une analogie involontaire avec le secteur textile. « Notre ambition n’est pas de nous développer à l’international, car on perdrait la traçabilité de nos produits. En résumé, nous souhaitons que Phénix Sport reste une entreprise à taille humaine … »
LE ART’SPORT SQUASH EST TOURNÉ VERS L’AVENIR
« J’ai deux passions, mon métier et le sport, » affirme Christophe Billion avec enthousiasme. Il y a quelques semaines, nous vous avions présenté ses grandes ambitions pour l’association Art Sport Evenement, qu’il préside depuis 2018 (voir l’article LE ART’SPORT CAFÉ REÇOIT LE GRATIN). « J’ai l’impression que ça fait cinq ans, » sourit cet entrepreneur tellement hyperactif qu’il en perd parfois la notion du temps. Depuis près d’un quart de siècle, ce Havrais de 55 ans travaille dans le broyage des déchets. Après avoir créé sa propre entreprise, il est aujourd’hui directeur commercial d’Alterval, numéro 1 du compactage rotatif en France. Le tri et le recyclage n’ont donc pas de secret pour lui, mais il n’avait jamais entendu parler de textile fabriqués à partir de déchets plastiques avant cet été. « Le beau-père de Paul-Emmanuel Guinard est l’un de nos fournisseurs, du coup ce dernier nous a contacté pour savoir ce que l’on faisait de nos broyats, » explique-t-il. Le courant passe tout de suite entre les deux hommes, et Christophe Billion est séduit par l’idée de faire de son club le premier équipé de ce type de maillots pour les sports de raquette. « Je n’ai même pas eu besoin de cinq minutes pour convaincre mon entreprise, ainsi que notre partenaire Green Big (NDLR : qui produit b:bot, machine de collecte de bouteilles plastique innovante) d’être partenaires de l’opération. Aujourd’hui, quand les gens achètent un objet ils ont envie de savoir d’où il vient, et ce qu’il deviendra après son utilisation. Je crois sincèrement qu’il y a une place à prendre pour ce genre de produits : participer à ce projet, c’est faire partie d’une histoire qui associe le sport à une vision plus large, idéologique, philosophique et humaniste. »
« Nous sommes tournés vers l’avenir, et ce type de projets en fait partie. »
Pour commencer, l’association a commandé 60 maillots à Phénix Sport, et équipera gratuitement les membres de son équipe féminine. Même s’il déplore le manque de visibilité engendré par le report des compétitions, Christophe Billion estime « qu’il faut trouver d’autres leviers pour communiquer. Nous sommes une association jeune qui n’a pas un gros palmarès, même si nous avons reçu quelques évènements d’envergure comme les championnats de France Élite à la fin des années 2000. Mais ce qui m’intéresse c’est l’avenir, pas le passé. Notre volonté est de raconter une histoire : le tournoi PSA féminin que nous recevrons dans quelques semaines, ainsi que notre collaboration avec Phénix Sport, en sont tous les deux des chapitres. »