Les maillots de foot, rugby, basket en plastique recyclé, voilà l’idée géniale d’Olivier Guigonis, le cofondateur de Phénix Sport avec Paul- Emmanuel Guinard. Et si leur société est jeune – elle a été lancée au premier confinement –, le projet, lui, anime Olivier depuis longtemps, « dès que la technologie a été possible il y a cinq ou six ans ». Un peu de patience et de maturation plus tard, le Phénix prend son envol.
Leur projet global s’inscrit dans une économie circulaire. Les déchets plastiques issus des classiques poubelles jaunes comme des bouteilles récu- pérées en Méditerranée sont traités en Espagne. « Le plastique est fondu, cela donne un matériau filandreux, composé de fibres qui vont devenir du tissu polyester, explique Olivier. On confectionne alors tout l’équipement sportif : maillots, shorts, chaussettes et même parkas. » Selon leurs données, ce process permet d’économiser 59 % d’énergie et 32 % d’émissions de CO2 par rapport à la fabrication d’un polyester classique. Il faut par exemple 12 bouteilles en plastique recy- clées pour faire un tee-shirt finisher Phénix Sport.
LES MAILLOTS USAGÉS RECYCLÉS
Et la boucle reprend de plus belle après une ou deux saisons. « Généralement, c’est à ce moment que les clubs changent ; pour des questions d’usure ou tout bêtement de logos. On récupère alors l’équipement et on le recycle à nouveau chez un partenaire en Rhône-Alpes. » La bouteille de plastique devenue maillot est alors broyée en paillettes et retransformée en équipements plastiques d’entraînements comme des cônes et des coupelles et rendus aux clubs. Ceux-ci, amateurs ou pros, commencent d’ailleurs à être nombreux. « Une cinquantaine ont déjà signé », reconnaît Olivier. Du Bas-Rhin à la Normandie en passant par les Alpes-Maritimes et le Var. Notamment le club de quartier de Cimiez à quelques mètres du siège de Phénix Sport. Du football mais aussi du rugby, du basket, du badminton, du squash… Tous les sports sont concernés et interpellés.
NE PAS « FAIRE PAYER L’ÉCOLOGIE » DANS LES TARIFS
« Les clubs adhèrent à la révolution éco-responsable. Et on pense être la première marque de sport 100% éco-responsable et en économie circulaire en France, voire en Europe. Mais on ne veut pas être une marque bobo et faire payer l’écologie. Notre cœur de cibles, ce sont les clubs populaires, les associations de quartier… » Olivier et Paul-Emmanuel proposent ainsi des tarifs milieu de gamme, à la plus grande joie des clubs qui viennent les voir. « Ils sont surpris de voir qu’on est aligné. C’est important de démocratiser l’offre éco-responsable. »
D’ailleurs, les clubs n’achètent plus leurs maillots mais ils en paient l’usage grâce à une tarification mensualisée. Ce concept financier permet ainsi de sauvegarder la trésorerie des clubs, un coup de pouce bienvenu pour le sport amateur dans ce contexte économique délicat.
Et pour éveiller davantage les consciences, Phénix Sport développe une politique RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) au sein des clubs. « Cela peut être de recycler leurs maillots invendus comme on l’a fait avec le Rugby Club Toulonnais en décembre ou de recycler les bouteilles en plastique récupérées au stade ou encore de mettre en place des actions avec les supporters. » Autant d’idées qui ont toute leur place dans un univers sportif en pleine mutation écologique.