Pour du sport « zéro déchets », Magazine Bayeux à Vivre (Septembre 2020)

À seulement 29 ans, Paul-Emmanuel Guinard vient de lancer avec son associé Olivier Guigonis la marque Phenix Sport. L’idée ? Proposer une alternative durable aux clubs et collectivités, en créant des maillots, shorts et chaussettes à base de matière recyclée. Zoom sur un bajocasse créatif et engagé.

Sportif. Écolo. Innovant. Passionné. Beaucoup d’adjectifs peuvent décrire Paul-Emmanuel Guinard, bajocasse expatrié à Nice. Mais depuis quelques mois, c’est surtout le terme de jeune entrepreneur qui le définit. Début juin, il a déposé avec son associé Olivier Guigonis les statuts de son entreprise Phenix Sport et lancé officiellement son activité d’équipementier sportif. « Notre idée est née d’une prise de conscience : comment peut-on parler de sport, de santé, de nature, quand on produit des équipements sportifs à des milliers de kilomètres d’ici ? » Usine délocalisée, matière première polluante, encres chimiques… Ces problématiques, le jeune dirigeant les connaît bien. « À l’issue de mes études de commerce, j’ai travaillé pour de grands groupes et beaucoup voyagé pour me rendre sur les sites de production. Il y a un gouffre entre les valeurs prônées par les industriels et la réalité du terrain. » Le constat est posé. Un associé et un confinement plus tard, Phenix Sport naît.

« Notre activité première, c’est la fabrication de textile sportif – maillots, shorts, chaussettes – à base de VRAI plastique recyclé. Je dis « vrai » car certains industriels prônent aujourd’hui l’utilisation d’une matière durable alors que celle-ci est spécialement créée puis transformée pour leur activité. Nous avons donc d’abord cherché un partenaire qui puisse nous fournir une matière répondant à nos exigences. » Pas encore trentenaire mais déjà bien installé dans le réseau de l’industrie textile, Paul-Emmanuel cherche parmi ses contacts le partenaire qui pourra leur proposer cette matière première. « C’est en Espagne que nous avons trouvé notre fournisseur. Le fil que nous lui achetons et qui permet de tisser nos produits est issu du recyclage des bouteilles plastiques. Cette matière est donc valorisée et n’est transformée que pour entamer une seconde vie. C’est exactement ce que nous cherchions. » Les vêtements sont ensuite tissés dans un atelier basé au Portugal. « Pour être en adéquation avec notre projet et nos valeurs, nous cherchions un atelier qui n’utilise pas d’encres chimiques. Notre souhait à terme est évidemment de ne travailler qu’en France, et d’y créer de l’emploi. »

La chaîne de production définie, vient le temps de la vente. Si les matières coûtent plus cher à l’achat, le produit fini se situe dans la gamme de prix moyenne. « Nous démarchons actuellement les clubs de football qui ont deux possibilités : un achat pur et simple ou une location sous forme d’abonnement. L’avantage de cette deuxième solution – qui n’engage pas de frais supplémentaires pour les clubs – c’est que nous sommes quasiment certains de récupérer les maillots lors de l’éventuel renouvellement de l’abonnement. » Car pour les deux hommes, c’est bien un objectif « zéro déchets » qui est visé. « Les maillots usés seront recyclés pour produire du petit matériel sportif. C’est la deuxième partie de notre activité : nous n’en sommes qu’aux prémices mais cela semble bien engagé avec des équipements recyclables à l’infini ! » En plus des clubs sportifs, les collectivités sont également ciblées avec une offre événementielle. « Attachée à ma ville natale, j’ai tout de suite pris contact avec le service des sports de Bayeux. Nous réfléchissons à des projets autour du Raid du Bessin ou des Foulées. »

Si les deux compères conservent aujourd’hui leurs emplois respectifs, Phenix Sport prend de plus en plus de place et de temps dans leurs vies. « J’ai des maillots empilés dans tout mon garage ! s’amuse Paul-Emmanuel. Plus sérieusement, nous avons des idées pour le développement de la marque. Notre modèle peut s’appliquer à d’autres sports, et nous espérons faire adhérer de nombreux clubs aux valeurs que nous portons. » Alors que sa toute jeune entreprise se retrouve finaliste d’un concours national de l’éco-innovation, celui qui a grandi à Bayeux, couru à Bayeux et foulé ses terrains de football, ajoute un objectif à la longue liste déjà existante : « j’aimerais beaucoup compter le BFC parmi nos clients, sourit-il. Pour moi qui ait joué durant de nombreuses années dans le club bayeusain, ce serait un accomplissement tout particulier. » L’appel est lancé !

Magazine complet: https://www.bayeux.fr/sites/default/files/Documents/bav_90_web_planche.pdf