Interview pour Liberté – le Bonhomme Libre

Originaire de Caen, il lance sa marque de maillots de foot recyclés.

Paul-Emmanuel Guinard, un Caennais de 29 ans, vient de lancer sa marque de maillots de football, Phénix Sport. Les tuniques sont fabriquées à partir de plastique recyclé.

Le monde du football n’est pas forcément le plus impliqué dans la préservation de l’environnement. Paul-Emmanuel Guinard en est conscient, mais ce jeune homme de 29 ans, né à Bayeux mais qui a passé sa jeunesse à Caen (Calvados), est bien décidé à faire évoluer les mentalités. Avec son associé Olivier Guigonis, il vient de créer la marque Phénix Sport, qui repose sur un concept innovant. Désormais installé à Nice, le jeune homme explique :

Il s’agit de maillots de foot fabriqués à partir de plastiques recyclés. C’est basé sur l’économie circulaire.

L’idée a déjà conquis les organisateurs des « trophées de la mode circulaire », qui ont retenu Phénix Sport parmi les finalistes de leur concours.

À base de déchets plastiques

Le principe ? Les maillots sont tissés en polyester, conçu à partir de déchets plastiques. « Cela existe déjà, consent Paul-Emmanuel. Mais la plupart du temps, le plastique est fabriqué exprès pour être recyclé ! Là, il s’agit bien de déchets récupérés ».

C’est au fil de son expérience de chef de produits au sein de grandes marques d’équipementiers sportifs (Salomon, Merrell, Intersport) que Paul-Emmanuel Guinard a affiné son projet. Désireux de mettre en accord son activité professionnelle et ses convictions écologiques, il a profité du confinement pour finaliser le lancement de Phénix, en compagnie d’Olivier. Il indique :

Je me suis aperçu que, si la majorité des textiles étaient fabriqués en Asie, il était possible d’en faire pour pas trop cher en Europe. Les déchets sont transformés en Espagne, où la traçabilité est hors-pair, et les maillots fabriqués au Portugal.

100% respectueux de l’environnement, les tuniques de Phénix sont imprimées avec de l’encre non chimique.

Recyclés et recyclables

Autre particularité de ces maillots, ils sont eux-même recyclables. Paul-Emmanuel détaille le processus :

Au bout de deux saisons, on les récupère, on les « défiloche », c’est-à-dire qu’on les remet à l’état de fibre pour pouvoir en fabriquer de nouveaux.

La jeune société, qui envisage des lancer des maillots de rugby, squash et badminton dès la rentrée de septembre, travaille également sur un brevet permettant de recycler les maillots sous forme de polymères. « L’objectif est de fabriquer des plots pour l’entraînement, que les clubs pourront ainsi réutiliser ».

Lucides sur les finances des clubs amateurs en cette période post-confinement, les deux fondateurs de Phénix ont mis au point une tarification incitative. « On souhaite impliquer les associations sportives dans le mouvement, souligne l’entrepreneur caennais. Même s’il est vertueux, un produit ne doit pas être trop cher ». Les premiers clients se voient ainsi proposer une ristourne de 15% s’ils donnent leurs vieux maillots à recycler. Phénix offre aussi la possibilité de payer par mensualités. « Un équipement (short+maillot) pour 5€ par mois, précise Paul-Emmanuel Guinard. Cela permet aux clubs de conserver de la trésorerie plus longtemps ». En cadeau de bienvenue, les clubs recevront un sac de lavage destiné à empêcher les micro-particules de polyester de se déverser dans les eaux usées. « On a une démarche 0 déchet », insiste Paul-Emmanuel.

Bientôt des clubs normands ?

Phénix espère séduire 1% des quelque 15000 clubs de football de France d’ici trois ans. « Ce serait déjà énorme ! » 15 ont déjà relevé le défi, dont l’association Carit’Sports, qui organise des matches caritatifs et est soutenue par l’ancien malherbiste Bernard Mendy. « Il n’y en a pas encore en Normandie », relève Paul-Emmanuel. Avis aux amateurs, désireux d’être des pionniers du monde d’après.